« Un an de rencontres ponctuées par le confinement »

Le 12 mars 2020, je rencontrais pour la toute première fois un parent dans le cadre du projet MobileKids. Cette rencontre était la première de ce qu’on appelle le « terrain de recherche ». Le soir même, des mesures étaient annoncées subitement concernant la fermeture des écoles et des restaurants et, quelques jours plus tard, la Belgique plongeait dans un confinement total de plusieurs semaines. Je vais donc vous raconter comment se sont passées mes rencontres avec les familles dans ces conditions particulières.

Tout d’abord, il a fallu annuler les différents rendez-vous qui avaient été pris, ne sachant pas quand il serait possible de se rencontrer à nouveau. Cette période a donc été marquée par l’attente et l’incertitude. Voyant que le confinement durait et se prolongeait, j’ai dû adapter le terrain de recherche au contexte et j’ai donc décidé, en accord avec les parents qui participaient à la recherche, que l’on se rencontre virtuellement. Il s’agissait de ma première expérience d’entretiens à distance. Ces entretiens se sont déroulés de la même manière qu’un entretien habituel même si, par la force des choses, j’ai eu l’impression d’être plus distante de mes interlocuteurs. Une distance à laquelle il fallait être attentive pour pouvoir malgré tout créer un climat de confiance pour que les participants soient à l’aise de me rencontrer et de me parler de leur quotidien. J’ai donc particulièrement pris le temps de me présenter, de repréciser la recherche et le déroulement de la rencontre et d’insister sur les garanties d’anonymat et de protection des données dans le cadre d’un entretien à distance. J’ai aussi été attentive, autant que possible, à l’aspect non-verbal de la communication pour manifester mon écoute et mon attention envers les participants. Durant ces rencontres, nous avons pu aborder l’impact du confinement sur le rythme de vie familiale, en général, et sur le rythme de l’alternance, en particulier.

En ce qui concerne les enfants, par contre, l’entretien à distance n’était pas envisageable puisque, dans le projet MobileKids, nous mobilisons des méthodes participatives et réalisons différentes activités qu’il n’est pas possible de faire à distance. J’ai donc dû attendre quelques mois pour rencontrer les enfants et les adolescents qui avaient accepté de participer.

C’est durant la phase de déconfinement, entre le mois de juin et le mois d’octobre que j’ai pu enfin rencontrer les jeunes qui participaient au projet, du moins pour les familles qui étaient d’accord que je rentre dans leur « bulle ». Dans ces circonstances, il s’agissait de discuter avec les familles les conditions selon lesquelles nous étions d’accord de nous rencontrer (respect des distances, gel hydro alcoolique, aération des pièces). Le masque était un élément particulièrement important a aborder, car le port de celui-ci rend difficile la réalisation d’un entretien, avec un jeune qui nous rencontre pour la première fois, de surcroit. Il est en effet nécessaire, comme nous le disions plus haut, d’établir une relation de confiance avec notre interlocuteur et de pouvoir réagir sur son langage non-verbal. Le non-verbal permet à la fois de rebondir sur ce qui est dit mais nous permet également de vérifier que notre interlocuteur est à l’aise pendant l’entretien et lui proposer d’arrêter si l’on voit que ça ne va pas. Cette attention portée à notre interlocuteur est extrêmement importante, dans toute recherche, pour que les personnes se sentent libres de participer et d’arrêter à tout moment. Je suggérais donc aux familles que le jeune et moi-même enlevions le masque, une fois installés à bonne distance pour réaliser l’entretien et l’activité. Pour la première fois de ma carrière, la phase de contacts qui a précédé les rencontres a été remplie de détails techniques et pratico-pratiques d’une nature nouvelle et différente de d’habitude.

Après plusieurs mois de patience, d’adaptation et l’établissement d’une confiance réciproque, j’ai pris beaucoup de plaisir à prendre la route, enfin, pour aller à la rencontre des jeunes et me plonger dans leur vie quotidienne en alternance. Lors des activités que nous avons réalisées, nous avons également parlé de l’impact du confinement sur leur vie à la maison, sur leur vie à l’école et, bien évidemment, sur leur vie sociale. Nous étions loin de nous douter, à ce moment-là, que cette expérience allait se renouveler pour une longue période.

Aujourd’hui, j’attends un nouvel assouplissement des mesures sanitaires pour continuer à rencontrer et à recruter les adolescents qui vivent en hébergement égalitaire. Par cette entrée blog, je voudrais déjà vivement remercier tous les adolescents et les adultes qui ont accepté de m’ouvrir leur porte et de me raconter leur expérience de vie ! Je voudrais m’adresser particulièrement aux jeunes et leur souhaiter beaucoup de courage dans cette période difficile qui chamboule leur vie quotidienne. J’espère que celle-ci sera bientôt finie.

Pour les familles qui vivent en hébergement alterné et dont les jeunes ont entre 13 et 16 ans et qui seraient intéressées de participer, elles aussi, à la recherche MobileKids, n’hésitez pas à m’écrire à coralie.theys@uclouvain.be, je me ferais un plaisir de vous contacter.

Encore un grand merci à tous et à toutes

Social Share:

Auteur:

Coralie Theys

After studying Sociology and diverse research experiences, I have now joined the MobileKids team as a PHD student. My thesis in sociology was about the study on the mechanisms of a Citizen School system within a secondary school in Brussels. In this context, I was interested in the students’ perception of these devices and how they integrated them into their daily lives at school. Today, I continue to be interested in young people and their lives, studying their place and role within their families.